Déchets plastiques : entre interdiction et taxation, comment changer les habitudes des Burkinabé

Le quizz est bien connu de tous : quelques minutes d’utilisation (à l’ère du jetable) et quatre cents (400) ans de décomposition! Voila tout dit de la menace que constitue le sac plastique. Faut-il en interdire l’importation et la fabrication ou taxer ces deux opérations économiques. La question de la protection de l’environnement contre la pollution par les sachets plastiques se pose en ces termes aux autorités burkinabés. 

Un tas d’ordures composées de sachets plastiques dans un caniveau de la ville de Ouaga. Photo: Justin

Le Ministre de l’Environnement et du Développement Durable, le Pr Jean Couldiaty dont le département entend se donner un cadre légal de protection de l’environnement, a présenté les deux options entres lesquelles le gouvernement devra choisir pour légiférer. S’il faut interdire ou taxer l’importation et la fabrication des sachets plastiques. Plus fermement, s’il faut interdire la fabrication, l’importation, la vente et l’usage du sac plastique, les Burkinabè doivent s’attendre à un certain nombre de contraintes, comme d’accepter qu’on fouille leurs valises pour vérifier, lorsqu’ils reviennent de voyage. Le choix de taxer la fabrication et l’importation des sacs plastiques pourrait, en les mettant hors de prix, venir à bout de l’habitude de leur usage. De plus, selon des estimations déjà faites par le ministère, selon le montant de la taxe, ce serait des milliards de sommes à engranger.Entre les deux options, le choix est ouvert aux autorités et, pour le ministre de l’environnement, d’ici la fin de l’année, l’Assemblée nationale pourrait être saisie d’un projet de loi.  Une bonne réponse à cette question permettra d’arracher les Burkinabé à une habitude pour le moins destructive. Pour une pollution, l’omniprésence des sachets plastiques dans la ville de Ouagadougou en est une et préoccupe de plus en plus. Parmi les plus soucieux, les hommes et femmes de médias qui, à chaque occasion, ne manquent pas de mots et d’illustrations pour attirer l’attention des autorités et mieux s’informer sur les politiques publiques en matière de lutte contre ce phénomène.

Ce qu’il faut: des mesures fortes et audacieuses

Six (6) millions de tonnes de sachets plastiques, selon une étude commanditée par le MEDD, se fabriquent ou entrent au Burkina Faso dans l’année. Mais, mieux que les chiffres qui n’expriment pas le malaise profond, l’ampleur du phénomène des sachets plastiques se mesure plus à l’œil nu dans les rues de la capitale. Depuis des années, les sacs plastiques sont entrés dans les habitudes de consommation des Burkinabé.

Fin 2011. Une belle initiative du MEDD, soutenue par l’ambassade de Chine Taiwan a permis de récolter 350 tonnes de sachets plastiques. L’initiative a mis en compétition les arrondissements de la ville de Ouagadougou. Mais surtout, environs sept (7) mille personnes ont participé à la collecte des déchets plastiques dont plus de 80% de femmes et 122 associations et groupements. Les initiatives pour sensibiliser sur la calamité que constitue le sachet pour l’environnement, les sols et les systèmes d’écoulement d’eau, ce n’est pas ce qui manque. Même s’il en faut davantage pour amener les citoyens à intégrer le développement durable dans le quotidien.

Mais ce qu’il faut dans l’immédiat ce sont surtout de mesures fortes et audacieuses. Le Rwanda, pour avoir réussi à bannir l’usage du sac en plastique par une “loi interdisant la fabrication, l’usage, l’importation et la vente, s’offre en exemple et montre combien il faut de l’audace pour changer les habitudes des citoyens. Des habitudes souvent fortement ancrées qui résistent aux simples sensibilisations.  Même si les Burkinabè, depuis l’épisode de la loi sur le port du casque, aiment défier les lois, fussent-elles pour leur salut, il ne faut rien de plus que des mesures fermes, répressives pour sauver la terre à partir de notre milieu de vie.

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